Je n'ai cessé de chercher l'équilibre dans la lumière et dans la morale. Aujourd'hui, je m'en vais chercher ma folie refoulée, ma démence passée, et je replonge dans ces Enfers de géhenne et de péché qui, durant des décennies ont été mes seuls refuges...


Je suis une erreur que le temps n’a effacé que partiellement, je suis le fruit de mes actes passés, de mes terreurs et de mes cauchemars, aujourd’hui encré en mon esprit mais invisibles : je ne peux les connaître, ni les reconnaître, je n’ai plus ni mémoire ni attache envers un passé que je recherche malgré moi, et chaque jour m’approche un peu plus des Enfers, pourtant si profonds, si terrifiants dans lesquels je me suis engouffré il y a maintenant des années. Je suis la mort de prêt, et celle-ci me surveille, sans jamais me trouver, sans jamais me faucher, elle ne fait que guetter le moindre de mes mouvements, espérant discerner une faiblesse, espérant me voir baisser ma garde. Mes maux brûlent le champ de mes ambitions, et les démons, instables en ma conscience effroyable me brutalisent sans jamais m’achever. Les fantômes de mon passé dévorent mes espérances et mon ignorance quant à mes actes passé ne fais qu’embellir cet infâme tableau de ma vie, où ne sont représentés que mes crimes et la souffrance que j’ai pu provoquer, la perte de l’être aimé et si cher en mon cœur, celui pour lequel j’ai fait de l’ombre mon refuge celui pour lequel j’ai érigé une barrière en mon esprit, empêchant ainsi ma raison d’opérer. Je ne suis qu’une ombre, je suis celle qui a voulu s’échapper, traversant les flots du temps sans jamais en sortir, afin de quitter une réalité grotesque, mais à mourir, je n’ai peux me résoudre, car ma place est en Enfer, et à mes yeux, l’Enfer n’est ni sous la Terre ni au-delà, il est ici même, en ma conscience, en ma prison, où mon esprit meurtris rampe sur des murs de pierre, glacials semblables au marbre d’un tombeau. Et ma géhenne, bien qu’incomprise me force à regarder dans les yeux tous ceux que j’ai perdu. Mon cauchemar a causé ma souffrance, et ma souffrance ma démence.
Je ne crois plus en rien, je ne crois plus qu’aux ténèbres, dans lesquelles je retrouverai mon prince. Il n’y a nulle vérité, ni le bonheur ni le mal, ni le bien ni la souffrance : il n’y a que corruption, il n’y a qu’égarement, il n’y a que vice et cruauté, en ce monde de débauche et de perversion. Alors je serai pire que ce monde qui m’écœure, alors, je trouverai auprès de ma puissante folie une raison de croire encore. Une raison de croire encore au bonheur, en m’approchant de la mort encore bien plus près, et en causant souffrance et désespoir. Peut-être ainsi, un jour, devrais-je me repentir de mes crimes, et peut-être ainsi, un jour devrais-je trouver la rédemption en agissant pour le monde et en l’intérêt de ce monde. Personne ne le sait, à part mon prince, mais je n’œuvre que pour la paix, qui, si elle avait été présente, aurait empêché à la mort de t’avoir pris, ô mon amour…
Mais qu’est-ce que la paix, sinon la vision subjective de la stabilité et de l’équilibre du monde. Comment les peuples pourraient-ils savoir ce qu’est l’équilibre, si, de temps à autre celui-ci n’est pas déchiré par un quelconque évènement survenu des ténèbres les plus abjectes et les plus immondes, répandant désespoir et désolation sur des territoires et des espoirs que l’homme considère comme acquis. Comment l’homme pourrait-il veiller à ce que la paix subsiste, si un ou plusieurs hommes ne venaient pas troubler le champ de ses croyances, pour lui imposer quelques certitudes : la mort et la destruction en font partie. C’est ainsi que j’ai développé un concept peu partagé, le monde ne doit pas passer par la souffrance pour connaître et apprécier la paix : l’ordre des choses et l’équilibre, même le plus naturel possible, doivent être bouleversé, et les vies chamboulées, pour que l’homme se remette en question. Il est parfois nécessaire d’accepter une souffrance temporaire qui nous mènera vers un bonheur durable, plutôt que de refuser cette douleur pour accéder à un bonheur éphémère. Et puisqu’il n’existe nul guide capable de dicter ce qu’est le bien et le mal, ou le droit chemin aux individus qui l’entourent, l’homme ne peut que chercher des réponses par lui-même. Et c’est en se remettant en question, qu’un jour sa raison et la pureté qu’il a naturellement en son cœur, l’amèneront à la conclusion suivante : la paix, réside dans le bien-être de la majorité, et cette majorité, doit être la plus grande possible, et devenir toujours plus importante. La justice doit triompher sur l’injustice, et ces deux notions doivent-être revue. Mais surtout, la paix ne pourra jamais exister, tout comme la mort ne pourra jamais disparaître. L’utopie n’est bonne que pour les ignorants, et les ignorants ne sont bons qu’à mourir. Si ma vision du monde est particulièrement pessimiste, elle n’est pas aussi noire que ce monde qui la répugne, et ne sera jamais aussi corrompue que celle d’autrui. Je considère désormais que la justice doit être appliquée de manière injuste : par des gens qui n’en ont pas le pouvoir, les mains purificatrices des sacrifiés, des écorchés vifs.